La demisexualité est une orientation sexuelle dans laquelle un individu n’est attiré sexuellement que par la/les personne.s avec qui il a un lien émotionnel. Comparé.e.s au reste de la population, la plupart des demisexuel.le.s ressent rarement une attraction sexuelle, et certain.e.s ont peu, voire aucun intérêt pour les pratiques sexuelles.
Quelques points pour mieux comprendre cette orientation.
De quel lien émotionnel les demisexuel.le.s ont-ils/elles besoin pour ressentir une attraction sexuelle ?
Cela varie légèrement d’une personne à l’autre et selon l’expérience personnelle du ou de la demisexuel.le. L’intimité émotionnelle est souvent un élément majeur, donc il arrive que certain.e.s demisexuel.le.s soient attiré.e.s par leurs proches ami.e.s ou leur.s partenaire.s romantique.s. D’autres éléments peuvent intervenir, comme la familiarité et une bonne connaissance de la personne (apprendre les aspects de sa personnalité.)
Néanmoins, la formation d’un lien émotionnel ne garantit pas l’apparition d’une attirance sexuelle. Ce n’est qu’un prérequis. Le laps de temps nécessaire pour développer un lien émotionnel peut varier. Pour certain.e.s demisexuel.le.s, cela nécessite plusieurs années de proche amitié, pour d’autres, cela peut être une courte mais intense expérience, comme un voyage d’une semaine en compagnie de la personne.
N’est-il pas normal d’attendre de mieux connaître quelqu’un avant d’avoir un rapport sexuel ?
Il y a une différence entre se sentir sexuellement attiré.e, et vouloir un rapport sexuel. L’attirance sexuelle est une chose qu’on ne peut pas contrôler – soit on la ressent, soit on ne la ressent pas. On ne peut ni la forcer à arriver, ni la forcer à partir, donc on n’a aucun choix en la matière. Par contre, on peut choisir d’agir ou non dans un comportement sexuel.
Beaucoup de personnes du côté non-asexuel du spectre ressentent une attraction sexuelle sans tenir compte d’un lien émotionnel. Elles peuvent avoir des envies sexuelles envers des gens attirants la rue, des camarades de classe, des collègues de travail auxquel.le.s elles ont à peine adressé la parole, ou envers des célébrités. Néanmoins, elles peuvent choisir d’attendre avant d’avoir un rapport sexuel, pour de multiples raisons : cela peut ne pas être faisable ou approprié, elles veulent s’assurer que l’autre est respectueux/se et gentil.le, cela va à l’encontre de leur croyance religieuse, elles ne veulent de rapport que lors d’une relation romantique, etc… La différence est que les demisexuel.le.s ne ressentent pas du tout ces envies sexuelles au départ.
De quelle façon la demisexualité rejoint-elle l’asexualité et le spectre asexuel ?
L’asexualité est une orientation sexuelle qui se définit par peu ou pas d’attraction sexuelle, ou d’intérêt pour le sexe (la première définition est la plus largement répandue, mais certain.e.s asexuel.le.s utilisent la deuxième définition ; les deux sont valides et acceptées.) Les demisexuel.le.s se trouvent sur le spectre asexuel, ce qui signifie qu’ils/elles sont proches de l’asexualité, mais pas tout à fait asexuel.le.s. Le spectre s’étire entre l’asexualité d’un côté, et la non-asexualité de l’autre.
Les demisexuel.le.s font partie de la communauté asexuelle parce qu’ils ne ressentent d’attraction sexuelle qu’exceptionnellement. Beaucoup de demisexuel.le.s ne seront attiré.e.s que par une poignée d’individus dans toute leur vie, ou même une seule personne. Aussi, beaucoup de demisexuel.le.s ont peu d’intérêt pour le sexe, ils/elles ont donc beaucoup en commun avec les asexuel.le.s.
Leur seule différence d’avec les asexuel.le.s est la possibilité de ressentir une attraction sexuelle. Seulement, cela n’arrive qu’après la formation d’un profond lien émotionnel.
Quel est le ressenti des demisexuel.le.s par rapport au sexe ?
D’après le recensement d’AVEN de 2014, les deux tiers des demisexuel.le.s sont inintéressé.e.s et/ou répugné.e.s par le sexe. Néanmoins, cela fait une proportion significative qui l’apprécie. Les demisexuel.le.s ont de nombreuses perceptions du sexe et autres activités sexuelles, comme la masturbation ou les films pornographiques, donc il est difficile de faire des affirmations définitives sur l’ensemble du groupe. Tous les ressentis à propos du sexe sont valides dans l’identité demisexuelle; seule une attraction sexuelle après la formation d’un lien émotionnel la définit.
Ils/elles peuvent choisir d’avoir des rapports sexuels, qu’ils/elles soient attiré.e.s par quelqu’un ou non. Ils/elles peuvent vouloir des rapports pour concevoir un enfant, pour voir comment c’est, ou pour toute autre raison.
Pourquoi une étiquette est-elle nécessaire aux demisexuel.le.s?
L’étiquette aide les demisexuel.le.s à former un esprit de communauté et un meilleur sens de soi. À travers cette étiquette, ils/elles apprennent qu’ils/elles ont des semblables partout, et qu’une communauté les soutient. Dans cette communauté, les demisexuel.le.s peuvent trouver un soutien émotionnel, partager leurs expériences et leurs conseils sur façon de faire son chemin dans un monde très sexualisé. La communauté s’unit autour de cette étiquette, ce qui aide les membres à se sentir plus en confiance avec leur identité.
Beaucoup de demisexuel.le.s grandissent en se sentant différent.e.s de celles et ceux qui les entourent. Beaucoup de gens ont leur premières expériences d’attraction sexuelles à la préadolescence. À partir de ce moment, le sexe leur est un objet de curiosité et d’intérêt, et en grandissant, ils/elles sont impatient.e.s de l‘expérimenter. Les enfants et adolescent.e.s, à l’école, parlent beaucoup de sexe – comment c’est, comment cela pourra être, etc… Cela devient de plus en plus prévalent quand ils arrivent au lycée et durant les premières années de l’âge adulte.
Les demisexuel.le.s se sentent souvent exclu.e.s de ces conversation parce qu’ils/elles ne sont pas intéressé.e.s par le sexe, ne trouvent personne sexuellement attirant, ou les deux. Quand la conversation aborde les célébrités sexy, par exemple, les demisexuel.le.s peuvent être troublé.e.s, et se demander ce que leurs ami.e.s voient et ressentent. Ils/elles se demandent si un jour ils/elles ressentiront la même chose, et certain.e.s en arrivent à se sentir « défectueux/se ». Savoir qu’il existe d’autres personnes comme eux/elles les aide à se sentir moins seul.e.s.